From March to early October 2016, Florence Bernault conducted a series of interviews with Jan Vansina at his home, setting up meetings almost every week while Jan was recovering from chemotherapy and enjoying a remission of his illness. After some thinking, Jan and Florence chose to use English, with the understanding that the interviews would later be transcribed and subtitled in French. Florence proposed that the interviews mix a chronological and thematic order, focusing on Jan’s scholarly work. The conversations would give Jan an opportunity to reflect on his past works from the present context, on African history, on colleagues and students, and also to imagine the future of the field. Some interviews focus on a particular book, others on Jan’s academic activities in Madison and elsewhere. Jan watched the entire collection of interviews after if was completed, and was very happy with the project.
Bantu Expansion and Early African History. May 10, 2016. (54:56)
Jan explains the new discoveries relating to the Bantu expansions in Central, Eastern, and Southern Africa, in particular the technique of phylogenetics. In Eastern Africa, the expansion is harder to interpret since Bantu speakers encountered societies that had already a long mastery of farming and metalwork (Uwere). Then the conversation continues about what historians can bring to linguists and archeologists since the latter are not necessarily trained in historical methods and interpretation, and to the article by Richard Reid on early history (in the Journal of African History) (12:27′). Jan insists on the disjuncture between professional African history and what ordinary Africans expect to learn from their past (22:05′). Florence and Jan discuss the difficulties faced by history departments in Africa. Then they turn to the issue of recent archives and the writing of African history, as evoked in the book edited by L. White, D. Cohen et S. Miescher, African Words, African Voices (2001) (28:00′), and in the work of late historian Dennis Cordell on the Central African Republic (33:33′). They discuss the rich historical knowledge carried by material objects such as the vuvuzela, printed cloths, and by the documents preserved in museums about their object collections. The video concludes with an analysis of various chapters in African Words, African Voices (2001), with the collection edited by Jan and Caroline Keyes Adenaike, In Pursuit of History: Fieldwork in Africa (1996), and with a rich defense of fieldwork.
Jan explique les nouvelles découvertes à propos de l’expansion des locuteurs bantus en Afrique centrale, orientale et australe, en particulier les apports de la phylogénétique. En Afrique de l’Est, les données sont complexes parce que les bantus ont rencontré des sociétés qui maitrisaient déjà l’agriculture et le travail du métal depuis longtemps (Uwere). La conversation tourne vers ce que les historiens peuvent apporter aux linguistes et archéologues, lesquels ne sont pas forcément formés aux méthodes et à l’interprétation historique, et vers l’article de Richard Reid sur l’histoire ancienne de l’Afrique (12:27′). Jan insiste sur le problème de la déconnexion entre ce que font les historiens professionnels et ce qu’attendent les gens en général de la connaissance du passé africain (22:05′). Florence et Jan déplorent les difficultés des départements d’histoire en Afrique. Le problème des archives et de l’écriture de l’histoire africaine est ensuite évoqué, à propos du livre de L. White, D. Cohen et S. Miescher, African Words, African Voices (2001) (28:00′), et du travail de Dennis Cordell en Centrafrique (33:33′). Ils évoquent la richesse de l’histoire faite à partir d’objets comme le vuvuzela ou les pagnes imprimés, et la documentation que possèdent les musées sur l’histoire de leurs collections. La vidéo se termine par une analyse des différents chapitres du livre African Words, African Voices (2001), et de la collection éditée par Jan et Caroline Keyes Adenaike, In Pursuit of History: Fieldwork in Africa (1996), avec une long développement sur l’importance du travail de terrain (45:03′).
Oral Tradition as History. May 7, 2016. (45:01)
Cette vidéo porte sur la comparaison entre le travail de Jan sur la tradition orale (De la tradition orale, 1970 et 1985), et celui plus récent de Luise White, David William Cohen et Stephen Miescher, African Words, African Voices (2001). Jan rappelle que le livre, dans sa première mouture (1970), avait reçu beaucoup de critiques. Il parle de l’intérêt précoce d’historiens comme David William Cohen pour la tradition orale, et de l’importance de la dimension performative des traditions, que lui-même n’avait pas suffisamment souligné dans cette première version. Jan raconte ensuite sa rencontre avec Beatrix Heintze, et l’anthropologue historique en Allemagne d’après-guerre. Il compare le travail de Heintze sur les expéditions en Angola à celui de Johannes Fabian (Out of Their Minds, 2000). La vidéo revient ensuite sur la conception et le contenu de Oral Tradition as History (1985), et sur la manière dont la mémoire collective se construit par négociations. Enfin, Jan et Florence ont une discussion sur la valeur et les limites du livre African Words, African Voices (2001).
Art History in Africa Part 1. May 7 2016. (28:00)
Jan Vansina recalls the enthusiasm that presided to the writing of Art History on Africa (1994), a book conceptualized in part to confront the conventional visions of African art at the time. Most collections had not referencing system, nor did they properly contextualize African objects. The book served as a guide for curators, and it was indeed well received in the profession. Art History in Africa describes how art objects can be used as historical sources, for instance, the Dogon textiles. Vansina insists on the choice of illustrations for the book, and on his refusal to distinguish between art and ethnographic objects. Finally, he talks about the production of the book, delayed because of the bad quality of printed images – while he was a visiting professor at the University of Pennsylvania. The video ends with a discussion of Sidney Kasfir’s, Ivan Karp’s, and Henry Drewal’s works. Vansina concludes on the importance of art in the Kuba Kingdom.
Jan Vansina se souvient d’abord de l’enthousiasme avec lequel il a écrit Art History in Africa (1994), un livre qui critiquait les visions classiques de ce temps. Les collections n’avaient pas de système de référencement ni de contextualisation des objets, et l’ouvrage fut donc conçu comme un guide à l’usage des conservateurs de musées et collections, qui l’ont reçu très positivement. Art History décrit également comment les objets d’art peuvent être utilisées comme sources par les historiens, en prenant pour exemple les textiles Dogon. Vansina insiste aussi sur le choix des illustrations, sur l’absence de distinction entre objets ethnographiques et objets d’art. Enfin, il discute de la production du livre, reportée à cause d’illustrations de mauvaise qualité, et du semestre qu’il a passé à l’université de Pennsylvanie. La vidéo s’attarde sur les travaux de Sidney Kasfir, Ivan Karp et Henry Drewal. Vansina conclue sur l’importance du rôle de l’art dans le royaume Kuba.
Being Colonized. April 27, 2019. (1:10:30)
This video is devoted to Jan’s latest academic book, Being Colonized (2010), the way it was researched in the field (between 1952 and 1956), and how it was written more than 50 years later. Jan Vansina talks about his frustration with general histories of the Congo written by Isidore Ndaywel, Georges Ngonzola, and Jean-Luc Vellut (18:00-23:00), and the research done by Bogumil Jewsiewiecki in Mbandaka (22:00). He mentions the Belgian historiography (42:00) and Nancy Hunt’s book A Nervous State (43:00). He discusses the importance of resilience, innovation and modernity among the Kuba during colonialism (46:00), his notion of “equatorial tradition” (49:00), and the cataclysm that made up the region of central Kasai (50:00). He remembers that Being Colonized was one of the most enjoyable one he ever wrote (52:00), and his attachment to the Kuba people. He narrates how he was initiated in November 1953 (54:00) and how this facilitated his research (1:03:00). He recalls the nickname Kuba people gave him (1:04:00), and how the Kuba received the book after it was published in 2010. The video ends with a short exchange on the reception of Georges Kwete Mwana’s book, Souvenirs d’un prince Kuba du Congo (1913-1970), Paris 2010.
Cette vidéo est entièrement consacrée au dernier livre universitaire de Jan Vansina, Being Colonized (2010). L’auteur revient sur ses recherches sur le terrain (entre 1952 et 1956), sur la façon dont le livre fut écrit plus de cinquante années après. Jan Vansina parle de sa frustration vis-à-vis des histoires générales du Congo publiées par Isidore Ndaywel, Georges Ngonzola, et Jean-Luc Vellut (18:00-23:00), ainsi que des recherches de Bogumil Jewsiewiecki à Mbandaka (22:00). Il parle de l’historiographie belge du Congo (42:00) et du livre de Nancy Hunt, A Nervous State (43:00). Il raconte la résilience des Kuba, leurs innovations et leur appropriation de la modernité pendant la période coloniale (46:00). Il discute sa notion de “tradition équatoriale” (49:00), et les cataclysmes qui donnèrent naissance à la région du Kasaï central (50:00). Il se rappelle que Being Colonized fut l’un de ses deux ou trois livres les plus agréables à écrire (52:00) et son attachement aux Kuba. Il raconte comment il fut initié en novembre 1953 (54:00) et comment cet épisode facilita grandement sa recherche sur le terrain (1:03:00). Il se souvient des surnoms que lui avaient donné les Kuba (1:04:00) et comment ceux-ci réagirent au livre après 2010. La conclusion de la vidéo revient sur la réception du livre de Georges Kwete Mwana’s book, Souvenirs d’un prince Kuba du Congo (1913-1970), Paris 2010.
Students and Training. May 19, 2016 (1:21:22)
This session is devoted to discussing the cohorts of students who came to be trained in African history at UW-Madison since the early 1960s. Vansina comments on the term “Wisconsin Mafia,” traces the presence of students from Africa, and the financial crisis of the 1970s. He talks about the coming of postmodernism in the program, and the quarrels about it (55:00). F. Bernault recounts a joke that graduate students organized to test Vansina’s erudition (59:00) and Vansina follows with a time when he pretended to write in Chinese on the blackboard. The conversation ends with the textbook he wrote with Philip Curtin, Steve Feierman and Leonard Thompson (African History From Earliest Times to Independence, 2d ed, 1995), the general history of Africa published by UNESCO, and the need for hybrid textbooks in paper and in digital form.
Cette session est consacrée aux générations d’étudiants gradués qui vinrent à UW-Madison pour étudier l’histoire africaine depuis le début des années 1960. Vansina commente le terme de “Mafia du Wisconsin.” Il retrace la présence d’étudiants africains dans le programme, et décrit la crise financière des années 1970. Il mentionne aussi l’arrivée du postmodernisme dans le programme, et les querelles à ce sujet (55:00). F. Bernault raconte comment les étudiants avaient organisé un “piège” pour tester l’érudition de Jan (59:00). Jan à son tour raconte comment il a un jour prétendu écrire en caractères chinois sur le tableau pour éveiller l’attention des étudiants. La conversation se termine sur le manuel qu’il a écrit avec Philip Curtin, Steve Feierman et Leonard Thompson (African History From Earliest Times to Independence, 2d ed, 1995), l’histoire générale de l’Afrique publiée par l’UNESCO, et le besoin pour des manuels hybride en format papier et numérique.
Tio Kingdom. June 10, 2016 (1:00:42)
Jan Vansina remembers the happy times of his research in Congo-Brazzaville (1963) for the book The Tio Kingdom. He talks about the 1963 Marxist revolution in Brazzaville. In transit from his post at UW-Madison to a new job in Europe, he took a sabbatical year and settled in Mbé, the capital of the Tio Kingdom, with his wife Claudine. He talks about his relations with the French research institute ORSTOM, with geographer Marcel Soret, historian Pierre Bonnaffé, and about his research strategies with Téké informants. He remembers food scarcity in Mbé, the annoyance of French tourists coming to the town, and a measles epidemic. After the publication of the book, he talks about the debates on historical anthropology and anthropological history at the times, criticizing French sociologist Georges Balandier. He explains the parallels between The Tio Kingdom (1973) and his final book Being Colonized (2010).
Jan Vansina évoque le temps heureux de sa recherche au Congo-Brazzaville pour l’ouvrage The Tio Kingdom, au moment de la révolution (1963). En transit de UW-Madison vers un poste en Europe, il prend une année sabbatique et s’installe à Mbé, la capitale Tio, avec sa femme Claudine. Il raconte les rapports avec L’ORSTOM, Marcel Soret, Pierre Bonnafé, et ses techniques de travail avec les informateurs Téké. Il parle de la rareté de la nourriture à Mbé, des visites de touristes français, et d’une épidémie de rougeole. A propos de la parution du livre, il analyse les débats de l’époque sur l’anthropologie historique et l’histoire anthropologique, et critique le sociologue français Georges Balandier. Il explique les parallèles du livre The Tio Kingdom (1973) avec son ultime ouvrage Being Colonized (2010).
UW History Relations with Political Science Crawford Young and Michael Schatzberg. April 24, 2016 (11:03).
In this brief video, Jan Vansina talks about the early beginning of the African Studies Program at UW-Madison, his collaboration with Crawford Young and Michael Schatzberg (Political Science), and with Philip Curtin (History). He recalls how Philip Curtin and himself created the African Studies Program and negotiated a Title VI.
Dans ce bref entretien, Jan Vansina parle des débuts du programme des Etudes africaines à UW-Madison, et de sa collaboration avec Crawford Young et Michael Schatzberg (Sciences politiques), ainsi que de l’historien Philip Curtin. Il raconte brièvement comment P. Curtin et lui-même créèrent le programme des Etudes africaines à UW-Madison, et obtinrent un financement du gouvernement fédéral (Title VI).
Maturation of African History. April 8, 2016 (26:28)
Vansina and F. Bernault exchange here about the professionalizing of African history, the loss of its nationalistic elements, about Marxism and African modes of production (0:54). Jan insists on the new attention to identity and history (3:29), and the decline of economic history (4:17), along with the increasing “occidentalisation of history” (A. de Waal), and the debate between micro-and macro-history (7:57). According to Jan, Paths in the Rainforest (1990) did diffuse somewhat into the consciousness in Central Africa by recreating a sense of a specific bantu civilization (9:35). Did this happen in East and Southern Africa (14:28)? Jan talks of the work of David Schoenbrun and Katryn de Luna, and of the future or early African history. Can a general history of other large historical regions of Africa be done (15:36)? The conversation concludes with a discussion about the different generations of students at the African History program at UW-Madison, in which Jan debunks some myths about a supposed “golden period” of the African History Program (17:39). He talks about changes in the program after the 1990, the decline of positions in African History, and Tom Spear’s leadership (22:13).
Vansina et F. Bernault parlent de la professionalisation de l’histoire africaine, du déclin de ses tendances nationalistes, de l’influence du marxisme et des “modes de production africains” (0:54). Jan insiste sur la montée des études sur les identités (3:29) et le déclin de l’histoire économique (4:17), ainsi que de la grandissante “occidentalisation de l’histoire” (A. de Waal), et des débats sur la micro- et la macro-histoire (7:57). D’après lui, une certaine diffusion “diluée” de Paths in the Rainforest a eu lieu dans les consciences locales, avec la fierté d’appartenir à une civilisation spécifique, bantoue (9:35). Une influence similaire des historiens a-t-elle eu lieu en Afrique orientale et australe ? Jan évoque à ce sujet le travail de David Schoenbrun et Katryn de Luna, et du futur de l’histoire ancienne. Une autre histoire générale d’autres grandes régions historiques du continent peut-elle être écrite (15:36) ? La vidéo se conclue sur une discussion des différentes générations d’étudiant.es dans le programme d’histoire africaine de UW-Madison. Jan revient sur certains mythes concernant une supposée “période dorée” du programme (17:39). Il rappelle les changements qu’a connu le programme dans les années 1970 puis 1990, la crise des postes en histoire africaine, et le rôle de Tom Spear à la tête du programme (22:13)
Kingdom of Savannah. March 20, 2016 (10:55)
The video starts with a reminder of how Children of the Savanna (1966), Vansina’s first book written at UW-Madison, in English, was published after a series of conferences organized to convince UW faculty – and the broader public- of the significance of Africa. Vansina talks of the book in English, of the version published in French in Congo-Kinshasa, the influence of this version in the broader region, including Angola. Then Vansina goes on explaining the transition from his research on the Kuba people, to his next field project, the Tio Kingdom.
La vidéo commence avec un rappel des conditions dans lesquelles Children of the Savanna (1966) fut publié en anglais, à Madison (Wisconsin). Le livre résulta d’une série de conférences données par Vansina, organisées pour convaincre les chercheurs de l’université – et le grand public – de l’importance de l’Afrique. Vansina parle de la version en anglais, ainsi que de celle publiée en français à Kinshasa (Congo). Cette dernière eut une grande importance dans la région, jusqu’en Angola. Puis Vansina explique comment il est ensuite passé du royaume Kuba, sujet de Children of the Savanna, à son projet ultérieur sur le royaume Tio au Congo-Brazzaville.
Children of Woot. March 20, 2016 (22:31)
Jan Vansina discusses the genealogy of his three monographs on the Kuba people, from his PhD thesis (1957) to Children of Woot (1978), and finally, on the colonial period Being Colonized: The Kuba Experience in Rural Congo (2010). He talks about sources and methods, and the writing of De la tradition orale (1961), translated as Oral Tradition: A Study in Historical Methodology (1961).
Jan Vansina discute la généalogie des trois ouvrages qu’il a consacrés aux Kuba, sa thèse de doctorat (1957), le livre Children of Woot (1978), et enfin son livre sur la période coloniale, Being Colonized: The Kuba Experience in Rural Congo (2010). Il parle de ses sources et méthodes, et de l’écriture de son livre De la tradition orale (1961), traduit en anglais sous le titre Oral Tradition: A Study in Historical Methodology (1961).